Phèdre de Racine, sans paroles est un concept de Jean Derome qui a été créé en avril 1980 et présenté à l’UQAM dans le cadre de la première saison du Théâtre musical de Montréal. Il s’agit de la traduction de la célèbre pièce de Racine dans le langage de la musique improvisée. La pièce est écrite pour huit improvisateurs et une chorale. Chaque rôle de la pièce a été confié à un instrumentiste-improvisateur qui doit suivre la courbe générale des interventions de son personnage. Les 8 rôles seront tenus par des membres de l’Ensemble SuperMusique soutenus par le Joker, un chœur de 9 voix dirigé par Joane Hétu. Le chœur sert ici de décor sonore et d’éclairage. Il forme une véritable «musique d’atmosphère» qui précise les ambiances, intensifie la dramatique de certains passages et souligne les conflits intérieurs des personnages. La musique est un langage à l’état brut, un langage sans le sens, comme le sont, pour nous, les langues d’autres pays, le babil des jeunes enfants, le cri des animaux. La musique est aussi une langue de simultanéité contrairement au théâtre qui fonctionne en dialogue selon un principe d’alternance. La musique ne pourra jamais rendre l’aspect anecdotique d’une pièce de théâtre, mais elle peut en transmettre l’émotion et l’intensité. Ce que Phèdre nous prête ici, c’est une formidable architecture au niveau de la courbe dramatique, de l’organisation des entrées et des sorties des improvisateurs, du contraste de leur énergie: le théâtre sans l’anecdote. La pièce avait été créée originalement par sept membres de l’Ensemble de musique improvisée de Montréal (EMIM, 1977-1985) et le Chœur du Pouet Pouet Band dirigé par Benoît Fauteux. Ce groupe est un précurseur de la Fanfare Pourpour.