Photo de Jean Derome

SuperMusique en collaboration avec DAME et Jean Derome, présente au public montréalais la grande œuvre Résistances, inspirée par la thématique de l’électricité, mettant en vedette 20 musiciens improvisateurs de haut calibre.

En tant qu’artiste (branché!), je m’intéresse depuis longtemps à l’idée de courant: courant de l’eau, courant des idées, de pensée. C’est dans cet esprit qu’en 2000, j’ai créé la pièce Canot-Camping: un vaste territoire constitué de jeux d’improvisation et de pièces écrites pour un groupe de 11 improvisateurs dirigés à l’aide de signes: des lacs, des rivières, des rapides. 15 ans plus tard, c’est comme si la rivière m’avait mené jusqu’à un barrage hydro-électrique. Le courant de la rivière devient électricité, mais le voyage continue.

Le Québec est un des plus gros producteurs d’électricité au monde. L’électricité, produite principalement dans les mégas barrages du grand-Nord québécois, est transportée sous haute tension par des lignes de 735,000 volts jusqu’aux gourmandes villes du Sud grâce à une armée de pylônes plantés comme des samouraïs à travers notre paysage.

Le système électrique québécois a ceci de particulier qu’il n’utilise pas de prise de terre conventionnelle. Dans chaque maison, le neutre est relié à nos tuyaux d’eau et c’est le fleuve St-Laurent qui devient notre «prise de terre». Le Québec entier est «groundé» sur le fleuve Saint-Laurent.

L’électricité est une onde comme le son. Toute l’Amérique du Nord module son électricité à la même fréquence: 60 vibrations secondes. Cette fréquence doit être maintenue parfaitement stable à tout moment en contrôlant la vitesse de rotation des turbines. La moindre défaillance désynchronise les machines dans les usines et cause des pannes, si bien que toute l’Amérique est maintenue en synchro jour et nuit à la fraction de fraction de seconde près.

Même les éruptions sur le soleil influencent et peuvent perturber notre système en nous bombardant d’ondes électromagnétiques. Les aurores boréales, c’est ça: des bombardements, heureusement déviés par le champ magnétique de la terre, mais pénétrant tout de même notre planète par les pôles. Notre planète est un aimant qui tourne comme une toupie sur ses pôles magnétiques.

Des spécialistes surveillent les éruptions solaires, prévoient et analysent les fluctuations qu’elles engendrent sur la fréquence de l’électricité: toute modulation produira une distorsion harmonique qu’ils pourront détecter: un fuzz de guitare géant!

Cette fibration de 60 Hz à la seconde est le point de départ de Résistances. Le chiffre 60 y prend toute une signification. Une fréquence, c’est à la fois un son, une mesure, un rythme. Résistances est bâtie sur des multiples de soixante s’additionnant jusqu’à 60 minutes et, pourquoi pas, jusqu’à mes 60 ans que je fêterai durant cette «Année Jean Derome».

Cette fréquence ne se retrouve pas normalement dans la musique (60Hz, ça se trouve à mi-chemin entre si et si bémol) mais, dans Résistances, l’orchestre sera accordé sur le 60 Hz si bien que, pour une fois, le buzz des amplis de guitare, des réfrigérateurs à bière et de l’éclairage sera en harmonie avec la musique et même y contribuera.

En conclusion, permettez-moi quelques calembours faciles: J’espère créer tout un choc […] avec cette nouvelle création pour 20 improvisateurs qui sera la pièce de Résistance (s) de mon «Année Jean Derome». On va «pogner un bon buzz».

— Jean Derome, février 2015.

Programme

  • : Résistances , 2015 (première montréalaise) pour 2 instruments à cordes, 2 instruments à vent, 2 cuivres, 2 guitares, synthétiseur analogique, piano, tourne-disques, échantillonneur, basse électrique, 3 contrebasses et 3 batteries

Participants

Multimédias et actualités

Jean Derome présente la pièce Résistances à Montréal
Jean Derome: Résistances avec l'Ensemble SuperMusique

Représentation(s)

Lieu

Amphithéâtre | Gesù

Rencontre post-concert avec Jean Derome

|

21:30

Invité.e.s

Foyer | Le Gesù