Nour Symon & Ad Lib / J'ai perdu le désert
Ad Lib présente « J’ai perdu le désert », un quintette intense et immersif de l’égypto-québécois·e Nour Symon · نور سيمون pour harmonica, oud, piano, violon et violoncelle, ainsi que « Le grand dégel », du montréalais Marc Hyland, pour voix, guitare électrique et bande.
Programme
Le grand dégel, Marc Hyland
sur un texte de Virginia Woolf
(14 min., 2022)
- Vincent Ranallo: voix
- Simon Duchesne: guitare électrique
Cette musique fait partie d’une trilogie de pièces intégrant, de façon plus ou moins métaphorique, l’enjeu des changements climatiques et des dangers qu’ils créent. La partition est une sorte de récitatif, chanté par une voix d’alto ou d’homme en falsetto, sur un extrait du Orlando de Virginia Woolf, où un grand dégel et la fin d’un amour sont représentés par une effroyable débâcle, où les flots et les glaces emportent avec elles humains, animaux et objets, dans une scène qui semble aussi offrir un présage du danger qui guette et affecte déjà l’humanité, notamment en ce qui a trait à l’élévation incontrôlée des températures et du niveau des eaux.
J'ai perdu le désert, Nour Symon · نور سيمون
(66 min., 2024)
- Benjamin Tremblay-Carpentier ; harmonica
- Nadine Altounji, oud
- Lynn Kuo ; violon
- Amahl Arulanandam ; violoncelle
- Nour Symon ; direction artistique et musicale, composition et piano
À بيسان عودة [Bisan Owda], journaliste et héroïne du quotidien
J’ai perdu le désert s’inscrit dans le prolongement de l’inspiration que me procure depuis de nombreuses années le roman de Nicole Brossard « Le Désert Mauve », que j’ai récemment adapté en opéra. Après avoir voulu dépeindre à travers un dispositif musical d’envergure (3 voix et grand ensemble) l’incommensurabilité du désert et l’intensité de Mélanie, la jeune protagoniste du roman, je renoue, à travers cette nouvelle composition plus intimiste, avec le sentiment d’apaisement et de quiétude que m’a inspiré la première lecture du roman de Brossard, en 2011.
Ainsi, à la suite de la création du « Désert Mauve », j’ai été confronté·e à mon propre désert, lors d’un voyage en Égypte, pays d’origine paternel. Ce qui se dessinait a priori comme un retour aux sources après 30 ans d'absence s’est avéré une expérience tout à fait déstabilisante, à travers laquelle j’ai été confronté·e à l’insuffisance des mots, à leurs limites, devant l’altérité qui nous constitue. J’y suis particulièrement entré·e en résonance avec la minorité copte de laquelle ma famille est issue, soit les survivants des premières nations d’Égypte, historiquement persécutée depuis l’occupation romaine jusqu’à l’actuelle dictature militaire, et qui a trouvé dans le désert et dans les temples pharaoniques qui s’y cachaient un lieu de résistance. Encore une fois, les mots de Nicole Brossard m’ont accompagné·e et ont donné un écho particulièrement aigu à mon expérience :
J’ai perdu le désert dans la nuit de l’écriture. Il y a sans doute un moment où il faut savoir s’arrêter, bloquer devant la bêtise, convenir que les mots ne sont pas toujours à la hauteur ou qu’ils peuvent assombrir notre enthousiasme, déjouer nos belles manœuvres pensantes. Maintenant il faut que l’évidence ranime en moi le désert et qu’à nouveau le serpent corail et le lynx roux bisent le sol de leurs couleurs.
Au fil de la composition de la pièce, j’ai renoué de plus en plus profondément avec une forme de méditation sonore – le tarab – emblématique de la musique égyptienne, qui est une des sources majeures de mon écoute. Le tarab est une forme de plongée infinie dans l’intensité, où toutes les émotions qui nous habitent sont convoquées en même temps, où seule compte la plongée débridée en soi et le contact humain entre musicien·nes et spectateurices. Et là où l’intensité de mon expérience égyptienne a habité la prise d’images vidéo à la base de la partition graphique de cette pièce, c’est bien le choc du génocide palestinien rapporté au quotidien par des journalistes tel·les que بيسان عودة [Bisan Owda] ou معتز عزايزة [Motaz Azaiza], des visages humains de ce crime contre l’humanité, qui a plutôt habité la création des partitions graphiques physiques et du montage final de « J’ai perdu le désert ». La conscience profonde de la valeur immensément différenciée entre les corps swana pauvres et celleux dignes d’être qualifié·es de victimes, d’otages à libérer ou tout simplement d’humain·es.
J’ai perdu le désert invite à un état de présence méditative au son, à une écoute profonde et à une connexion sensible entre les musicien·nes et le public, « pour que cesse le flot violent des mots », pour citer Brossard.
Multimédias et actualités
J'ai perdu le désert
Audiopollination – Nour Symon / Rod Campbell
Représentation(s)
Lieu
Tarifications
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Tarif réduit | 15$ |
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