Song of the Earth (2023 - 2024)
Notes de programme
Comme la plupart des œuvres de {teotwawki}, « Song of the Earth » est né de l'idée de subvertir le profil dynamique typique de la guitare électrique. L'archétype dominant de la guitare électrique est celui d'un instrument bruyant, un totem pour les genres et sous-genres rock, métal et punk qu'elle a contribué à engendrer. L’über-decibel groupe de doom metal Sunn O))) est peut-être le non plus ultra.
J'ai décidé d'explorer l'autre côté, le yin du yang du métal : les sons les plus silencieux possibles. Un problème s'est immédiatement posé, le fléau de tous les ingénieurs du son : le «bourdonnement» des signaux audio qui résulte de l'amplification de l'alternance de la polarité du courant du réseau électrique à 60 cycles par seconde (en Amérique ; 50 Hz en Europe). Imaginant une représentation en Amérique du Nord avec plusieurs amplificateurs de guitare branchés sur des prises standards, il est inévitable que du bourdonnement à 60 cycles soit au moins un peu audible.
Dans des circonstances normales, ce bruit omniprésent serait psycho-acoustiquement noyé dans le «signal» de la musique : nous n'entendrons pas le bourdonnement, mais les notes jouées par-dessus. Mais lorsque les choses deviennent suffisamment calmes, lorsqu'il y a plus d'espace négatif et de silence, ce bourdonnement peut devenir de plus en plus apparent. Il se trouve que 60 Hz se situe presque exactement à mi-chemin entre si-bémol et si : un quart de ton plus bas que le si en dessous du mi grave d'une guitare en «standard tuning» (ou un quart de ton plus bas que le si grave d'une guitare baryton). Par rapport à la musique accordée au standard de La = 440Hz, ce si-quart-bémol sonne faux, comme un bruit (dans le sens d'une interférence non désirée qui réduit la clarté du «signal»).
Étant très influencé par la musique drone, j'ai décidé d'inverser cette relation bruit/signal en accordant les guitares sur le bourdonnement, rachetant ce «hum» en en faisant le bourdon central sur lequel le reste de la musique est construit. Les guitares sont accordées sur un accord ouvert B5 (toutes les cordes sont des si et les fa-dièse), où si = 60 Hz.
Les admirateurs de Mahler reconnaîtront peut-être Song of the Earth («le Chant de la Terre») comme le titre de son dernier cycle de chants (Das Lied von der Erde). À première vue, la musique lente et bourdonnante de mon Song of the Earth ne ressemble guère au mélodisme prodigieux et débordant de Mahler. Mon idée de m'approprier ce titre est en partie due à un jeu de mots ; le bourdonnement de 60 Hz devient d'autant plus audible en présence de ce que l'on appelle des "boucles de terre" électriques. Il y a également une résonance avec le propos de Mahler qu’une «symphonie doit être comme le monde. Elle doit tout contenir.» Song of the Earth est une sorte de symphonie en un seul mouvement, bien que le «tout» qu'elle contient soit plus proche de la conception de William Blake :
Dans un grain de sable voir un monde,
Et dans chaque fleur des champs le Paradis,
Faire tenir l'infini dans la paume de la main,
Et l'Éternité dans une heure
— Kevin O’Neil, 2024
Compositeur
Année de composition
(2023 - 2024)
Instrumentation
ensemble de guitares électriques et synthétiseur
Représentations
Saison | Date | Concert | Membre(s) |
---|---|---|---|
2023-24 | Instruments of Happiness // La guitare, la relève | Bradyworks / Instruments of Happiness |