Pneumusique (2025)
Notes de programme
Pneumusique, écrite pour Ensemble Paramirabo, tire son titre d’un jeu de mots entre new music et la nature pneumatique de l’instrument Table de Babel, inventé par Jean-François Laporte. Le préfixe pneum- évoque non seulement l’air ou le souffle, mais aussi l’esprit.
Grâce à des ateliers pratiques avec la Table de Babel, j’ai pris plaisir à découvrir de manière tactile ses nombreuses possibilités sonores. Explorer cet instrument m’a donné l’impression de redevenir un enfant, jouant librement avec le son, surpris à chaque tour de molette ou contact avec une membrane. L’air comprimé de la Table de Babel diffère des instruments à vent traditionnels, car son « poumon » artificiel peut devenir une force motrice inlassable, poussée jusqu’à la saturation. Musicalement, l’œuvre oscille entre des moments méditatifs, délicats, atmosphériques et des pulsations mécaniques, implacables, qui s’intensifient et s’accélèrent sans relâche. On y trouve aussi des fragments musicaux empreints de nostalgie, qui apparaissent fugacement, tels des instants volés en syntonie avec une station de radio, ou l’écho d’un beau souvenir d’été au milieu du quotidien.
Cette pièce est dédiée à un ami, le talentueux saxophoniste Mario Allard, tragiquement décédé au début de l’année 2025, de manière totalement inattendue. Je me souviens de lui comme d’une personne magnifique, généreuse, dotée d’un grand sens de l’humour, qui vivait pleinement. Pendant l’écriture de Pneumusique, je revenais sans cesse à une vidéo familiale où Mario interprète le standard de jazz Body and Soul en plein air, pour un petit enfant. L’enfant l’observe attentivement. Elle pose sa main sur son genou, essaie de goûter l’instrument, met même sa tête dans le pavillon pour voir d’où vient le son pendant qu’il joue. C’est un moment magnifique, intime, sans retenue, de pure découverte. À la fin de Pneumusique, j’ai transcrit ce même solo, cette fois pour clarinette basse, qui s’éteint peu à peu dans le silence.
« I can’t believe it, it’s hard to conceive it […] Are you pretending? It looks like the ending Unless I could have one more chance […] » – extrait de Body and Soul (1930), musique de Johnny Green, paroles d’Edward Heyman, Robert Sour et Frank Eyton.
Représentations
Saison | Date | Concert | Membre(s) |
---|---|---|---|
2024-25 | Totem contemporain & Paramirabo @CIRMMT |