Nimrod (2020)
Notes de programme
Récemment, deux axes ont orienté mon travail. D’abord, l’idée d’une musique cinétique ou comment mettre en synergie les différentes dimensions musicales (les rythmes, les hauteurs, les timbres, entre autres) afin de créer des directionnalités précises. En second lieu, je me suis aussi intéressé aux rythmes de la parole, ses inflexions et à la manière dont leurs agencements réussis à créer différents caractères. Ainsi, de subtiles variations rythmiques, l’utilisation sporadique d’un registre limité et l’usage de répétitions confèrent à certains matériaux leur caractère « parlando ».
La légende de Nimrod m’est apparue comme un mythe pouvant résonner avec ces deux idées. Dans l’enfer de Dante, Nimrod est le gardien du huitième cercle dont la punition, pour avoir pris part à la construction de la tour de Babel, consiste à devoir parler une langue que lui seul est en mesure de comprendre. Je me suis donc amusé à imaginer Nimrod s’exprimant à nous, auditeurs ne saisissant rien de la signification de sa prose et n’ayant que la seule musicalité de son expression pour le déchiffrer. Le caractère spontané de certains matériaux, les rythmes fluctuants et les changements fréquents de directionnalité m’ont finalement fait penser à une forme de ballet hésitant, « à tâtons ».
Cette histoire me fait songer : la musique, dans sa dimension communicative, a quelque chose d’analogue à la position de Nimrod. Comme si, “s’exprimant” toujours malgré tout, un mystère envoutant plane inévitablement sur la signification musicale. Ou alors, est-ce que la communication n’a pas toujours, finalement, une part de musique ?
Représentations
Saison | Date | Concert | Membre(s) |
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2021-22 | Génération PLUS ! | Ensemble contemporain de Montréal (ECM+) |