Folk noir : plongez dans l’univers de Nicole Lizée avec collectif9
Crédit
La saison hiver-printemps du Vivier se poursuit. Samedi 20 mai, nous vous donnons rendez-vous pour le concert Folk noir à 19h30. collectif9 s'approprie le Bain Mathieu pour vous plonger dans l’univers surréaliste et singulier de Nicole Lizée, compositrice montréalaise. Thibault Bertin-Maghit, contrebassiste, fondateur et directeur artistique de collectif9, nous dévoile les contours de ce projet que Le Vivier est fier de vous proposer !
Comment est né le projet Folk noir ?
Cela fait maintenant plusieurs années que nous réfléchissons à ce projet avec cette idée de mettre en valeur le travail de Nicole Lizée le temps d’un concert. Nous avions déjà travaillé avec Nicole auparavant et interprété certaines de ses œuvres individuellement. Récemment, nous avons notamment joué une pièce dans notre programme Rituæls. Il y a vraiment quelque chose qui nous attire dans sa musique.
Comment définiriez-vous l’univers de Nicole Lizée ?
Son esthétique est assez unique et surréaliste. Elle s’inspire de la culture populaire et des technologies désuètes, de leurs sonorités et de leurs comportements. Elle évoque leurs imperfections à travers des procédés de répétitions, de déphasage et de saccades d’une manière très personnelle.
Ces sons nous transportent vers un monde fantastique qui déforme la réalité. Notre vision vacille entre le rêve et le souvenir, en y apportant quelque chose de flou, de brumeux. Une certaine nostalgie se crée avec ces sonorités du passé.
Elle s’inspire beaucoup du cinéma et de l’approche de certains réalisateurs de science-fiction ou de films noirs. Ces influences se ressentent dans sa musique et constituent une véritable porte d’entrée pour le public vers la musique de création.
Comment s’est fait le choix des pièces qui vont être interprétées ?
Le choix du répertoire s’est fait en collaboration avec Nicole. Les pièces choisies ont des styles très différents. Certaines ont été adaptées spécifiquement pour le concert. On retrouve des pièces complètement instrumentales et d’autres avec des bandes pré-enregistrées. Elles sont marquées par un contraste sonore mais aussi dans le style d’écriture, entre lyrisme et intensité rythmique.
Par exemple, Jupiter Moon Menace a été initialement composée pour saxophone, guitare électrique, contrebasse, batterie et Rhodes. En revanche, Keep Driving, I’m Dreaming a été écrite pour orchestre (l'Orchestre du Centre national des arts à Ottawa) et tables tournantes. Isabella Blow at Somerset House et Cathedral Mountain sont finalement celles qui se rapprochent le plus de notre instrumentation puisqu’elles sont écrites pour quatuor à cordes et orchestre à cordes respectivement.
Nicole a également composé une nouvelle œuvre, Ultraviolet Blues, création écrite spécifiquement pour ce concert.
La sélection des pièces a été pensée pour proposer au public un concert cohérent et contrasté tout en présentant un large éventail du répertoire de Nicole.
Un show cohérent et contrasté dans une salle tout à fait atypique, le Bain Mathieu. Pourquoi ?
Au Bain Mathieu, il y a un côté très intime et proche du public. C’est ce qui nous a plu. Aussi, le caractère inhabituel de cette salle - qui est un ancien bain public - contribue en partant à créer une expérience singulière pour le public.
Une scénographie viendra également habiller la salle pour créer une atmosphère à l’image de la musique. Nous avons la chance de collaborer avec Adriana Bogaard (scénographie) avec qui Nicole a déjà eu l’occasion de travailler, pour déployer son univers visuel tout aussi riche et saisissant.
Folk noir, qu’est-ce que cela signifie ?
L’idée de ce concert est de rapprocher deux notions qui expriment à la fois l’univers de Nicole et notre intention à travers ce concert : Folk, en référence à tout ce qui est populaire et à la notion de tradition et de culture ; Noir renvoie davantage au mystère et à l’étrange (qu’on peut retrouver aussi dans le cinéma). La musique de Nicole est intense, rythmiquement très serrée tout en marquant parfois quelques temps d’arrêts qui nous font nous poser des questions. C'est ce que ce titre tente de traduire.
Comment appréhendez-vous ce concert ?
C’est un véritable défi pour nous ! La musique de Nicole est complexe : avec beaucoup de difficultés rythmiques encore une fois, de déphasage ou encore des patterns irréguliers et contre-instinctifs qui ne sont pas évidents. Elle nous pousse au-delà de nos limites de la même manière qu’elle exploite son matériel musical en profondeur.
L'appropriation de cette nouvelle œuvre, Ultraviolet Blues, est aussi un challenge. Interpréter une pièce qui n’a encore jamais été jouée demande un travail supplémentaire pour la découvrir et la matérialiser.
MAIS ! Nous avons hâte de présenter notre travail au public du Vivier qui ne nous connaît peut-être pas encore. C’est notre première co-diffusion ensemble. Il y avait aussi une volonté de la direction artistique du Vivier de travailler avec Nicole et nous sommes très heureux que notre premier projet ensemble se concrétise comme ça. Nous avons hâte de vivre ce moment convivial, animé par une heure de musique mais aussi quelques surprises !
Entrevue réalisée par Typhaine Allain
Des billets sont encore disponibles pour assister au concert, samedi 20 mai, à 19h30 : billetterie.