Le son de cinq instruments, du violon à la contrebasse, est amplifié, spatialisé et traité numériquement. L’invisible architecture du nombre se révèle par la disposition évolutive des musiciens sur la scène et par le plan d’éclairage qui les accompagne. Le public encadre les musiciens, de plain-pied avec eux. Chacun des spectateurs bénéficie de perspectives visuelle et sonore uniques. Tous prennent part à une expérience immersive hors norme.
S’ajoutant aux nombreux domaines déjà étudiés par la philosophie (langage, éthique, science, être en tant qu’être, histoire, etc.), la musique d’art pourrait être considérée comme la philosophie du son. Tout créateur de musique répond, souvent de façon inconsciente, à des questions de nature philosophique (que sont le bruit, le son, la musique?; Quels liens le son entretient-il avec le temps?; Que sont le rythme, la pulsation, la durée?; Quel devrait être notre rapport au son (jouissance pure, code social, prescription morale, contemplation mystique, ambiance, accompagnement à la danse)?; etc.). Dans ce contexte, la musique d’art se caractériserait comme le résultat d’une réflexion critique visant à rendre l’ensemble de ces questions conscientes, puis à leur trouver des réponses conséquentes à une démarche.
Pour le compositeur Simon Martin, l’écriture musicale représente un lieu de conciliation entre l’homme et la matière. Une fois le territoire de chacun bien délimité, le son apparaît comme un phénomène acoustique quantifiable par la physique et tout le reste comme arbitraire et contingent. Ces contingences — qui conduisent le compositeur au choix du matériau et de sa mise en forme — sont fonction de la physionomie (nature) de l’oreille et de son conditionnement (culture), de même que de la psychologie du sujet et des désirs qui en découlent (interprétation, expression, rémunération, séduction, etc.). Quant à la finalité de la musique d’art, elle est d’ordre symbolique: l’œuvre s’interprète en tant que représentation poétique.