Sur les traces des artefacts de Roxanne Turcotte

Aretfact I Roxanne Turcotte

Avec Artefacts II, la compositrice électro-acousticienne est de retour après une première version de ce concert présenté en 2022. Accompagnée de musicien.ne.s, elle propose un concert électroacoustique et performatif, transportant le public à travers des sujets intimes et introspectifs. Laissez-vous porter par les mots de Roxanne dans cette entrevue pour Le Vivier.

Archéologue sonore. C’est ainsi que se définit en partie la compositrice Roxanne Turcotte qui présentera son prochain concert le jeudi 21 novembre intitulé Artefacts II. Fouiller, c’est ce qu’elle aime faire car “il y a toujours des sons cachés, qu’il faudrait écouter plusieurs fois”.

Les oiseaux comme source d’inspiration

En tant que compositrice, Roxanne se dit fascinée par la manière dont les oiseaux reproduisent des sons existants, des rythmes et hauteurs de notes différent.e.s. De nouveau, elle fouille. Comme ces archéologues qui retracent l’histoire des hommes, elle fouille pour réécouter et comprendre les sons des animaux : “c’est très typique des musicien.ne.s de s’intéresser aux oiseaux par exemple ! Ils représentent une mine d’or sonore, produisant des sons cachés”.

Alors qu’elle travaille bénévolement et passionnément dans un centre de réadaptation pour les oiseaux, elle nous raconte une histoire qui l’a un jour inspirée : “j'entends miauler et la biologiste m’explique qu’il ne s’agit pas d’un chat mais d’un geai bleu. J’ai alors compris que cet oiseau était comme le perroquet, il répète les sons qu’il entend. D’ailleurs, beaucoup d'oiseaux dans la nature québécoise reproduisent la même chose. C’est formidable !”.

Des anecdotes comme celle-ci, Roxanne en possède beaucoup et prend plaisir à nous les conter, toujours aussi émerveillée et curieuse. Ces sons l’interpellent et elle choisit de les ajouter dans des œuvres comme Bestiaire ou Les oiseaux de Nias. 

Des artefacts assumés et engagés

À travers Artefacts II, la compositrice parle avec le cœur et conviction à travers des thématiques qui la touchent, qu’elles soient sociologiques, politiques ou encore environnementales. Dans Délirium, elle aborde le sujet des machinations de l’esprit, elle-même marquée par des expériences personnelles : une amie touchée par la psychose ou encore son père atteint d’une maladie neurologique dégénérative jusqu’à la fin de sa vie. Le délire la terrifie autant qu’elle la fascine, c’est pourquoi elle choisit d’en parler.

Aussi, l’événement de Fukushima en 2011 a inspiré l'œuvre Zone d’exclusion qui dénonce les désastres provoqués par l’homme et détruisent petit à petit l’environnement et notre planète. Pour cette pièce, le multi-instrumentiste Michel Dubeau joue du shakuhachi, une flûte japonaise qui fait honneur à cette culture. Dans L’heure dorée, il transporte également le public dans le désert grâce au duduk, instrument du Moyen-Orient. Une référence à l’actualité internationale qui touche actuellement cette région et qu’il ne peut être gardée sous silence selon la compositrice : le massacre des palestinien.ne.s, les bombardements de Gaza, le sort des enfants ou encore la situation des femmes afghanes de plus en plus restreintes dans leurs libertés. 

La spatialisation et la “cinémasonie” au coeur de son travail

C’est graduellement que la musique acousmatique a su intégrer des visuels, des éclairages et de nombreux autres items permis par les nouvelles technologies. Au départ, cette spatialisation de la musique était peu appréciée par les puristes, trouvant l'expérience musicale trop complexe et lourde.

C’est pourtant ce que Roxanne aime proposer : une expérience. Un brin réalisatrice dans l’âme, elle imagine ses œuvres et concerts à travers un synopsis, des lignes directrices, des histoires. Comme pour le cinéma. Elle a même donné un nom à ce travail : la cinémasonie. “Dans le fond, c’est un mix entre le cinéma et le son. Je travaille le son comme si c’était du cinéma.” Elle écoute et enregistre des sons environnants, elle réalise beaucoup de montage, elle projette des images pour illustrer ce qu’elle entend. En ce sens, son travail se veut plus concret qu’abstrait, tel un film.

Artefacts II ne déroge pas à cette règle. Roxanne Turcotte, accompagnée de musicien.ne.s plonge le public dans une expérience performative, à la fois sonore et visuelle, qu’elle est heureuse de partager. Rendez-vous donc le jeudi 21 novembre, à 19h30, à la salle bleue de l’Édifice Wilder. Des billets sont encore disponibles ici.

Galerie

Artefacts - Roxanne Turcotte
Artefacts - Roxanne Turcotte
Oiseaux de Nias - Roxanne Turcotte
Artefacts - Roxanne Turcotte