Paramirabo et Variances présentent Pulse : entretien avec Thierry Pécou

PULSE avec l'Ensemble Variances et Paramirabo

Le 24 octobre prochain, les deux ensembles Paramirabo et Variances se réunissent pour un concert avec pour œuvre centrale, Pulse de Steve Reich. Le Vivier s’est entretenu avec Thierry Pécou, compositeur, musicien et fondateur de l’Ensemble Variances en 2010. Il revient sur sa rencontre avec Jeffrey Stonehouse, directeur artistique de Paramirabo et du Vivier ainsi que sur la façon dont ils ont imaginé ce concert.

Comment définiriez-vous l’ensemble Variances ?

Différentes facettes viennent définir l’identité de Variances.

Tout d’abord, en tant que pianiste, j’ai toujours eu l’envie d’associer des instrumentistes pour pouvoir jouer avec eux·elles et sortir de cette image de tour d’ivoire souvent associée aux compositeur·trice·s. J’imagine toujours cet ensemble comme une sorte de laboratoire au sein duquel les musicien·ne·s approfondissent les questions d’interprétation.

Aussi, mon intérêt si particulier aux cultures de traditions orales du monde entier inspire profondément mon travail en tant que compositeur. Ayant des origines martiniquaises, terre des Caraïbes emblématique de ces croisements de cultures, je voulais que l’ensemble ait cette identité.

Enfin, c’est un ensemble qui aime aussi aller à la rencontre des autres. On se rencontre, on a envie de faire, créer, partager des expériences. Nous avons déjà, dans notre histoire, réalisé des échanges avec d’autres ensembles.

Comment ce projet de concert Pulse a-t-il émergé ?

J’ai rencontré Jeffrey Stonehouse lors d’une tournée américaine en 2022. Nous étions à la recherche d’un·e flûtiste pour l’une de nos représentations. De fil en aiguille, par l'intermédiaire de nos contacts, c’est avec lui que nous avons performé. C’est alors que je découvrais, au-delà du musicien, le directeur artistique de Paramirabo et du Vivier.

Une date de concert était initialement prévue pour l’Ensemble Variances à la salle Bourgie. Celle-ci a été reportée plusieurs fois en raison de la pandémie. Avec Paramirabo, nous avons finalement décidé d’unir nos deux ensembles pour lancer un nouveau projet, en collaboration avec Le Vivier, et proposer un nouveau rendez-vous au travers de Pulse.

Quel a été le point de départ pour imaginer ce concert ?

Les deux ensembles constituent un noyau de personnalités et de musicien·ne·s paritaires. Nous nous ressemblons au niveau des effectifs, même s’ils sont à géométrie variable. L’idée d’un programme “miroir” a donc émergé.

J’ai rapidement pensé au double sextet de Steve Reich mais Jeffrey et moi-même avions déjà joué cette pièce auparavant. Alors que nous souhaitions conserver cette idée d’interpréter une pièce du compositeur, j’ai découvert une de ces œuvres récentes, Pulse (2015). Elle correspond bien aux deux ensembles et caractérise, à mon sens, un renouveau chez Steve Reich. Cette pièce est devenue notre point de départ.

C’était aussi une façon d'aborder la pulsation bien au-delà de l’angle musical. La pulsation c’est aussi la représentation de l’élan vital, de ce qui nous relie à quelque chose d’essentiel (la nature, l’environnement).

Comment avez-vous choisi les trois autres pièces* ? 

Steve Reich est un artiste qui irrigue un peu notre imaginaire. Les trois autres pièces du concert ont un lien à travers une certaine conception de l’harmonie, de la pulsation et de la répétition que l’on peut retrouver chez ce compositeur. 

Jeffrey m’a parlé de cette pièce de Missy Mazzoli, Still Life in Avalanche. La compositrice fait partie de cette nouvelle génération qui s’empare de la musique répétitive avec une toute autre approche/vision.

J’ai aussi voulu mettre en avant ma passion pour le gamelan balinais dans l'œuvre Byar composée pour ce programme. Les musiques de gamelan ont influencé tout le mouvement minimaliste et répétitif américain et inspiré Steve Reich. Byar est un terme indonésien signifiant “accord terrifiant”. Dans le gamelan balinais, il est souvent joué en introduction. Il procure un effet de surprise presque terrifiant car très vigoureux.

Pour terminer, Perfect offering de Cassandra Miller est le contre-pied de ce programme. C’est une pièce très linéaire, sans pulsation apparente. Elle est comme induite dans la respiration qu’il faut trouver en commun pour pouvoir jouer ensemble. C’est une manière de créer la pulsation par la non-pulsation ! On y retrouve un scintillement harmonique perceptible aussi dans les œuvres de Steve Reich.

*Missy Mazzoli: Still Life in Avalanche , 2008 pour pour flûte, clarinette, violon, violoncelle, percussions, piano

Thierry Pécou: Byar, 2023

Cassandra Miller: Perfect Offering , 2020 - 2021 pour pour flûte, clarinette, quatuor à cordes et piano  - création

Comment le projet est-il amené à durer dans le temps ? 

C’est un programme qui n’a pas été pensé uniquement pour une unique représentation. Nous envisageons de le présenter deux fois au Canada. Deux dates sont également prévues pour des représentations en France, à Caen (nous sommes basés en Normandie), et à Paris. Dans l’idéal, nous aimerions y ajouter d’autres dates françaises ou européennes. 

Entrevue réalisée par Typhaine Allain

 

// CAUSERIE PRÉ-CONCERT | 18:30

Une heure avant le concert, vous êtes conviés à découvrir les oeuvres du programme Pulse en compagnie de notre invité Thierry Pécou compositeur, interprète fondateur de l’Ensemble Variances et de Jeffrey Stonehouse, directeur artistique et flûtiste de Paramirabo. Une discussion sera abordée autour du thème de la pulsation et de la rencontre de deux ensembles à travers la collaboration internationale.

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