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Automne 1970, le Québec était touché par une série d’événements tragiques, des attentats terroristes plus précisément, commis par le Front de libération du Québec (FLQ). Une période aujourd’hui appelée, la crise d’octobre. Ces événements, le guitariste et compositeur Tim Brady a choisi de les raconter dans son nouvel opéra intitulé Information, à travers le personnage de Mary Vance, journaliste, interprétée par Marie-Annick Béliveau de Chants Libres et coproductrice sur le projet.

En quoi l’opéra Information est-il dans la continuité de Backstage at Carnegie Hall ?

Tout d’abord, d’un point de vue technique, la distribution des deux opéras est similaire : 5 chanteur.se.s et 4 musicien.ne.s (piano numérique, guitare électrique, saxophone et violoncelle). Il y a une ressemblance dans les sonorités et dans la mise en situation des acteurs. La palette sonore diffère un peu tout en restant dans le registre des opéras de chambre.

La voyageuse temporelle, présente dans le premier opéra, fait également son grand retour. C’est une personne différente, l’intrigue se déroulant dans une autre période historique. Elle engage une nouvelle fois cette réflexion sur le passé, le présent et le futur de l’histoire et de l’humanité.

Pourquoi cette notion du temps est-elle encore très présente, comme un véritable fil conducteur ?

Le temps m’a toujours fasciné, notamment en tant qu’artiste et compositeur. Prenons pour exemple cet opéra. Entre le début de l’opéra et sa fin, 110 minutes s’écoulent. De quelle façon le temps passe-t-il ? Comment les musicien.ne.s, mais aussi le public, expérimentent-t-il le temps durant cette expérience ? Ce sont des questions que je me pose en tant que compositeur.

Les êtres humains ne peuvent pas contrôler le temps. On peut tenter de contrôler le climat ou les enjeux sociaux. Mais il est quasi impossible de contrôler le temps. C’est une réflexion et un enjeu prépondérant. Comment vivons-nous avec quelque chose que nous sommes dans l'incapacité de contrôler mais qui, à l’inverse, possède un total contrôle sur nous en tant qu’être humain et sur notre société ? C’est une bonne question…

Le premier opéra abordait le thème du racisme. Dans Information, il est question de la crise d’octobre et d’avortement, en référence au procès anti-avortement du Dr Henry Morgentaler dans les années 70 et 80.  En quoi il était important d’évoquer ces deux thématiques ?

Ce qui est intéressant avec l’opéra, c’est l’exploration d’enjeux dramatiques. La crise d’octobre représente un bon exemple. Cela fait presque 30 ans que je souhaitais aborder ce sujet. J’avais 14 ans à l’époque et je me souviens des soldats se baladant dans mon quartier. Mon père, qui gérait une usine, devait faire face à des menaces de bombes. Les souvenirs sont encore vifs. 

L’intrigue se déroule surtout dans une salle de rédaction avec la voyageuse temporelle qui rencontre Mary Vance, journaliste, interprétée par Marie-Annick Béliveau. Elle informe Mary que Pierre Laporte, ministre québécois du Travail, va être tué, après son enlèvement par le Front de libération du Québec (FLQ), quelques jours auparavant.

En parallèle, le personnage de Mary Vance met de l’avant la place et l’image de la femme à cette période et l’émergence des questions féministes qui prennent davantage d’ampleur, notamment les actions en faveur ou non de l’avortement. Des enjeux encore d'actualité aujourd’hui, même si nous les vivons différemment. C’est intéressant de jeter un œil dans le rétroviseur et de voir comment ces enjeux seraient interprétés dans notre contexte actuel.

Comment s’est déroulé le travail sur ce projet ?

Il a débuté en 2018, lorsque j’ai choisi de travailler avec Mishka Lavigne, la librettiste, qui a su faire un travail remarquable avec toutes les indications et contraintes données.

Ensuite, nous avons pu commencer les ateliers de production, notamment avec la chanteuse et productrice Marie-Annick Béliveau de Chants Libres. J’apprécie toujours collaborer avec elle car c’est toujours très professionnel. Elle a choisi les chanteur.euse.s avec son réseau développé afin qu’ils.elles puissent correspondre parfaitement avec nos besoins.

C’était vraiment une super collaboration ! Un mot est souvent revenu lors de nos réunions et qualifie particulièrement bien notre façon de travailler : l’équilibre.

D’autres opéras verront le jour, dans la continuité des deux premiers ?

Oui, deux autres sont en chantier. Les deux premiers se déroulent dans le passé. Le troisième et le quatrième se passeront dans le futur. Mars (Signs of Life) abordera la colonisation de Mars selon une approche plus métaphorique quand le dernier, Sophia, mettra de l’avant l’ampleur de l’intelligence artificielle. Il faudra être patient et attendre 2026 et 2028 pour découvrir ces deux créations. 

Pour découvrir de nouvel opéra, Information, Bradyworks, Chants Libres et Le Vivier vous donnent donc rendez-vous les 27 et 28 avril à l’Espace orange de l’Édifice Wilder. Prenez vos billets ici dès maintenant.