Exposition : Je suis calme et enragé·e
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« Nous étions masques, miracles,/empêtrées dans l’enthousiasme,/mystère longtemps guetté,/apparitions-disparitions,/habitudes qui sonnent faux. »
C’est par ces mots de Roxane Desjardins que s’ouvrira le spectacle transdisciplinaire « je suis calme et enragé·e », un projet aussi ambitieux que vulnérable et donnant à entendre 6 tableaux sonores — partitions musicales visuelles composées par Symon Henry — pour autant de poèmes explorant « des positions de détresse et de vertige par rapport à l’histoire, à l’ampleur de l’humanité, aux désastres écologiques qui se profilent », selon les mots de Desjardins. En prémisse au concert, les partitions graphiques de ce projet seront exposées au Vivier. Les visiteur·euses sont invité·es à y imaginer les sonorités lyriques et bruitistes du projet, à vivre ce monde sonore à même leur écoute intérieure.
Ces partitions seront ensuite interprétées — le 27 février prochain — par 4 voix (Zéa Beaulieu-April, Gabriel Dharmoo, Laura Doyle Péan et Vincent Ranallo) entonnant la musique en chœur, déclamant le texte en toute intimité, ou l’explorant en filant des contrepoints criants d’actualité. Ielles seront accompagné·es par deux solistes instrumentaux (Émilie Payeur, électronique et Benjamin Tremblay-Carpentier, harmonicas et électronique) ainsi que par l’ensemble SuperMusique, comme autant d’échos à leurs individualités et à leur participation aux mouvements de foules qui nous traversent au quotidien.
Vernissage de l’exposition :8 décembre 2021, de 18h à 19h30 |
Spectacle :27 février 2022, 13h et 15h |
La démarche
Une rencontre désirante entre les arts visuels, la musique de concert et la poésie préside à la démarche de l’égypto-québécois·e Symon Henry. Délaissant l’écriture conventionnelle formée de notes accrochées à une portée, sa musique se lit et s’interprète plutôt depuis un ensemble de dessins formant des tableaux sonores. Habité·e des mondes des compositeur·rices Cornelius Cardew, Jennifer Walshe et Cecil Taylor, de l’univers sonore de la diva égyptienne Oum Kalthoum, puis des traits coulants et des couleurs tracées de Cy Twombly, Henry se positionne dans une filiation de la partition comme espace de précision et de liberté, d’ambiguïté et de métissage entre les genres canoniques et les influences. En résultent des propositions lyriques, bruitistes et intimistes mues par une envie de revalorisation de la complexité des interactions entre ses identités — queer, migratoire, amoureuse du bruit du monde.
Ses œuvres témoignent d’une quête sans cesse renouvelée pour la déhiérarchisation de l’autorité de la·du créateur·rice au profit d’un travail de proximité avec les interprètes. En effet, ses partitions demandent une grande précision de la part des musicien·nes, mais appellent également à des techniques de jeu dites non traditionnelles (maîtrise du souffle pour les instruments à vent ou exploration du frottement pour les cordes, par exemple) visant une prise en compte personnelle de l’interprétation. Leurs bases de compréhension demeurent cependant simples : l’axe horizontal indique la durée et l’axe vertical indique la hauteur d’un son, alors qu’un trait foncé appelle un son plus fort, un trait ténu et estompé, un bruit plus doux. C’est donc à un regard en forme d’écoute, à la fois curieux, généreux et intuitif, que nous invite l’artiste.
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