ENTREVUE : DANS LA GRANGE DE FÉLIX-ANTOINE COUTU

Visuel La grange

Le concert narratif “augmenté” La grange, imaginé par Félix-Antoine Coutu, en collaboration avec Collectif Tôle, nous plonge dans ses souvenirs les plus intimes, en compagnie des interprètes du Duo AIRS et de Paramirabo. Le Vivier s’est entretenu avec l’initiateur du projet pour nous parler de son enfance qui l’a inspiré et du travail de création pour ce projet qui sera présenté les 29 et 30 septembre prochains au Bain Mathieu.

Quand le projet La grange a-t-il émergé ?

Félix-Antoine Coutu : Ma réflexion a débuté avant la pandémie avec l’envie de performer la musique que je créais. 

Je me suis alors remémoré la période du début du secondaire durant laquelle je démontais de vieux appareils et je bricolais des bolides grâce à des blocs de lego et des petits moteurs.

Cela m’a amené à vouloir réintégrer ces objets, mais cette fois-ci dans le but de créer de la musique. Je me suis mis à expérimenter pour produire des sons grâce aux frottements et aux vibrations des moteurs sur diverses surfaces, des instruments de percussions et des instruments à cordes.

Pendant la pandémie, j’ai profité d’une période d’activité ralentie pour apprendre à travailler avec des micro-contrôleurs Arduino, dans le but de fabriquer des contrôleurs pour manipuler mes prototypes d'instruments à moteurs.

Pourquoi La grange ? Quelle a été ta source d’inspiration ?

Je souhaitais apporter une trame narrative à ce projet avec cette grange qui a marqué mon enfance. Mes parents faisaient du théâtre amateur et y entreposaient certains de leurs décors. Cette grange me fascinait et j’y allais souvent lorsque j’étais jeune. C’était un beau terrain de jeux avec plein d’objets mystérieux. De là m’est venue l’idée d’intituler le projet de cette façon.

Comment la collaboration avec Collectif Tôle s’est-elle avérée évidente ?

Je connais Collectif Tôle depuis 2018 environ. Nous avons travaillé ensemble sur plusieurs projets de théâtre qui laissaient beaucoup de place à la musique.

En travaillant avec le collectif, j'ai découvert une nouvelle façon d'aborder la création, notamment grâce aux résidences. Nous travaillons avec un objectif commun dans un temps restreint faisant émerger de belles idées et trouvailles. Ces rendez-vous m’ont fait sortir de ce travail solitaire que pouvait être la composition.

Au fil du temps, nous sommes devenu·e·s ami·e·s. Je leur ai donc très rapidement parlé de ce projet afin de pouvoir les inclure le plus tôt possible dans le processus créatif.

Plusieurs résidences ont donc été organisées pour monter ce projet ?

Exactement ! Très tôt, nous avons organisé une résidence d’idéation avec Marie-Ève Groulx, Maxime Brillon et Carl Matthieu Neher du collectif, durant laquelle la trame narrative a été déployée en profondeur.

Jude est le gardien d’une communauté future qui a hérité d’une grange remplie d’objets et d’artefacts du passé dont il ignore l’utilité. Enfermé seul depuis des années, il fabrique un drone avec ce qui traîne autour pour lui tenir compagnie. En le faisant léviter, il réanime des souvenirs, distortionne le présent, et brise tranquillement son isolement.”

Une seconde résidence a eu lieu en décembre 2022, au Centre des arts de la scène Jean-Besré à Sherbrooke. C’était la première fois que je testais l’entièreté de mon installation d’instruments avec mes contrôleurs. À la fin, nous avons invité le Duo AIRS et présenté une esquisse de la première partie du show. Les réflexions autour de la scénographie, de l’éclairage, de la conception vidéo et du livret web ont aussi émergé.

Finalement, en mai 2022, une dernière résidence au Bain Mathieu a permis d'inclure Paramirabo pour travailler sur la musique de la deuxième partie du concert. Cette résidence nous a aussi permis de faire des tests d'amplification et de spatialisation dans la salle, d’expérimenter les prototypes de conceptions ainsi que la mise en scène du concert.

D’ailleurs, pourquoi avoir choisi de travailler avec Duo AIRS et Paramirabo ?

Duo AIRS m’a fait une commande pour leur concert Après le tremblement… en octobre 2021. Alors que j’étais au début de mes expérimentations avec les moteurs, j’ai composé la pièce Dans la grange, mon drone ne vole pas haut, imaginée pour le projet. Il était donc naturel de collaborer avec Louis-Philippe et David qui a interprété ce premier mouvement. 

Concernant Paramirabo, il y a longtemps que je souhaitais travailler avec eux. Lorsque j’ai imaginé La grange, je pensais exactement à cette instrumentation. J’ai alors échangé avec Jeffrey Stonehouse, le directeur artistique de Paramirabo et c’est avec beaucoup d’enthousiasme qu’il a accepté de participer au projet.

La mise en scène et le caractère immersif et intimiste ont aussi un rôle très important dans votre processus de création.

Oui ! Le choix de la salle n’est pas anodin par exemple. Nous avons la chance de présenter ce projet au Bain Mathieu. L’ambiance y est intimiste et immersive comme nous le souhaitions. L'agencement de la salle reproduit aussi cette vue en plongée qui rappelle celle du drône, avec le public en hauteur tout autour de la piscine où on retrouve tous les musicien·ne·s. Ce choix de disposition est aussi pour faire un rappel des rêves que je faisais lorsque j'étais petit et dans lesquels je planais pour observer les choses de haut.

Le travail effectué pour la trame narrative et le personnage de Jude avec Marie-Ève (mise en scène) et Maxime (livret web) a aussi été une étape plus qu'importante pour me guider à travers la composition de la musique. Cela a certainement contribué à donner un caractère immersif à l'œuvre.

Finalement, pour l'éclairage, la scénographie, les costumes et la vidéo, nous avons travaillé avec Flavie Lemée, Marianne Lonergan Pilotto et Véro Marengère pour créer des atmosphères intimistes auxquelles nous tenions. La magie de leurs conceptions contribue à distorsionner ce lieu pour nous transporter vers le rêve, à faire apparaître la grange et à nous transporter dans l'univers du personnage de Jude.

Je crois que c'est un concert plutôt immersif et intime, qui laisse place à une forme de nostalgie liée à l'enfance et à un désir de briser l'isolement. Nous avons hâte de pouvoir faire découvrir cela au public.

Rendez-vous les 29 et 30 septembre au Bain Mathieu pour plonger dans l’univers de Félix-Antoine et du Collectif Tôle. Pour réserver mon billet, cliquez ici !

Entrevue réalisée par Typhaine Allain

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